Le butô
c'est quoi ?

Le Butô, c'est quoi ?

Le butô (Bu : la danse, tô : frapper le sol) est né au Japon dans les années 60 à l’époque de l’Underground et des Happenings (performances de rue), en réaction contre le formalisme et le rationalisme de la danse. Les fondateurs Tasumi Hijikata et Kazuo Ohno cherchent à recréer l’origine du spectacle, son aspect rituel et sacré. En ce sens, il s’inspire du Shintoîsme et du théâtre Nô.

C’est une danse pour communiquer avec la Terre, l’obscurité, pour en faire jaillir la lumière, pour palper les forces invisibles qui nous mettent en mouvement à l’intérieur de notre corps et tout autour de nous. Elle est donc une réaction à la logique toute puissante et nous invite à réveiller les mémoires des cellules de notre corps, au delà de l’histoire individuelle et du temps humain.

Le danseur, dans l’expérience de son corps vidé de sa personnalité égotique peut vivre le caché, les mémoires ancestrales et archaïques de son corps, animales, végétales…

Le butô génère des formes étranges, voire surréalistes, imprégnées d’une poésie universelle et mythique, des sensations impalpables et incarnées à la fois chez le danseur et le spectateur, ce dernier étant happé à la fois par l’étrangeté et l’universalité de ce qui se déroule sous ses yeux.

Ainsi la danse butô est aussi inspirée par des auteurs comme antonin Artaud et Georges Bataille, mais aussi par des courants artistiques tels que le surréalisme et l’expressionisme allemand de Mary Wingman. On le retrouve entre les vers et les lignes de Baudelaire, Bachelard et Nietzche, Gérard de Nerval, Lautréamont mais aussi de la philosophie du Zen…

Sa pratique intéressera les artistes révélés ou non, les curieux et expérimentateurs déjà danseurs ou totalement néophytes, toute personne qui souhaite retrouver la profondeur et l’authenticité du geste dansé, la poésie de l’étrange, la réconciliation avec soi et sa place dans l’univers.

« Le butô, étrange signe d’air qui happe le spectateur ; signe d’eau évoluant au rythme des fluides internes déployant les feux de la chair »
Pascale Orallana

Bibliographie sommaire :

Odette ASLAN : Buto(s)

Antonin ARTAUD : Le théâtre et son double

Uno KUNICHI : Hijikata TATSUMI, Penser un corps épuisé

Kuhihara NANAO :  Hijikata TATSUMI, La chose la plus étrange au monde,  analyse critique du butô

Ushio AMAGATSU : Dialogue avec la gravité

Georges BATAILLE : Lascaux ou la naissance de l’Art